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Grands travaux
Ces lacs suisses qui méritent une correction

Entre le Jura et les Alpes, le «Plateau» était autrefois une région inondable, aux récoltes régulièrement dévastées. C’est aujourd’hui l’un des secteurs les plus fertiles de Suisse, grâce à d’immenses travaux entrepris aux XIXe et XXe siècles. Un épisode appelé «correction des eaux du Jura».
Olivier Razemon | Le lundi 2 septembre 2024
Les zones humides, réserves d’espèces naturelles, apparues après la deuxième «correction des eaux» et qui bordent le lac de Neuchâtel, seraient menacées en cas de troisième correction. © Elenarts / Adobe Stock

Auvernier est un charmant village de vignerons adossé au massif du Jura, au bord du lac de Neuchâtel. La rue principale, montant vers les vignes, est entourée de larges bâtisses aux volets bicolores, devant lesquelles on a posé des tonneaux qui témoignent fièrement de la culture viticole. Plus bas se tient «Le poisson», un restaurant coté où la bonne société neuchâteloise déguste des perches du lac. Un environnement idyllique au pays des montagnes et des lacs. Mais curieusement, ni le restaurant, ni le village ne donnent directement sur la rive. Une prairie d’environ 200m de long, striée par la voie du train régional, sépare les premières maisons des berges. Un même décalage est visible à Neuchâtel, où une digue raide éloigne les eaux du lac des immeubles en pierre de taille.
L’abaissement du niveau moyen, de 2,5m environ, remonte à la fin du XIXe siècle, après un épisode connu comme la «correction des eaux du Jura». La morphologie du «Plateau», cette région de Suisse située entre les Alpes et le Jura, aux confins de la frontière linguistique entre les cantons germanophones et francophones, a été bouleversée en profondeur par des travaux d’envergure menés entre 1868 et 1878. C’était longtemps après la fondation du village d’Auvernier ou la construction des édifices bourgeois de Neuchâtel. Dans les années 1960, une deuxième «correction» était opérée. Au XXIe siècle, il est question d’en programmer une troisième.

Les canaux creusés, des marais assainis
Les lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat, sur lesquels voguent aujourd’hui des bateaux de tourisme électriques, drapeau suisse flottant au vent, n’ont pas toujours figuré des paysages proprets. Jusqu’au XIXe siècle, la région était marécageuse, infestée de moustiques et soumise aux épidémies de malaria. Les lacs, dont les eaux se jettent, directement ou non, dans l’Aar, affluent du Rhin, formaient après la fonte des neiges une seule étendue, inondant tout. Des crues dévastaient les récoltes. Tout ce que l’Helvétie compte de spécialistes du génie civil s’est penché sur le sort du «Plateau». Au début du XVIIIe siècle, un pionnier, le géomètre et militaire bernois, Samuel Bodmer, imagine une modification du cours d’un affluent de l’Aar. Mais les grandes opérations de travaux publics réclament du temps, en Suisse comme ailleurs.

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