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Spécial JO / Vu du ciel
La mesure pour homologuer les records

A l’approche des Jeux olympiques et paralympiques, on s’attend naturellement à ce que des records soient battus. Mais on n’a pas toujours conscience de l’enjeu scientifique que représentent la mesure et l’homologation d’une performance sportive.
Laurent Polidori | Le vendredi 7 juin 2024
A l’entraînement comme en compétition, l’utilisation du GNSS est de plus en plus fréquente pour mesurer les comportements des athlètes. © Wirestock / Adobe Stock

Il est facile de savoir qui a gagné une épreuve d’athlétisme, même sans chronomètre. Mais le vainqueur a-t-il battu un record? La question est plus complexe, car, depuis le précédent record, ce n’est plus la même piste ni le même chronomètre. La comparaison exige alors un dispositif de mesure prescrit et contrôlé par une autorité officielle, typiquement une fédération sportive. C’est à cette condition qu’un temps (pour une épreuve de course à pied ou de natation) ou une distance (pour une épreuve de lancer ou de saut en longueur) peuvent être homologués comme performances sportives et comparés d’une épreuve à l’autre. Au-delà de la mesure de la performance elle-même, certaines mesures accessoires participent à l’homologation de cette performance en détectant des substances illicites lors d’un contrôle anti-dopage, en mesurant la vitesse du vent lors d’une épreuve d’athlétisme ou en classant un judoka ou un boxeur dans une catégorie de poids. La mesure et l’homologation de la performance s’appuient ainsi sur de multiples grandeurs physiques.

Des dimensions spatiales à respecter
Si la mesure est utilisée comme juge de l’épreuve sportive, elle constitue aussi un moyen de l’étudier. Dès le xixe siècle, on analyse le mouvement dans des séries de clichés et, plus récemment, ce sont des enregistrements vidéo qui permettent d’analyser les gestes d’un joueur de basket ou de football. Placer un récepteur GNSS sur un rugbyman, un skieur ou un cycliste, voilà un usage inattendu du satellite, mais c’est un moyen efficace de mesurer la vitesse de l’athlète ou d’étudier son comportement pendant l’épreuve.
Mais avant d’organiser la compétition, il a fallu concevoir l’enceinte dans laquelle elle va se dérouler: qu’il s’agisse d’un stade, d’une piscine, d’un vélodrome ou encore d’un circuit automobile, ces équipements doivent respecter certaines spécifications concernant leurs dimensions spatiales, ainsi que des caractéristiques plus complexes comme la forme, définie en termes de pente ou de courbure, d’un tremplin de saut à ski ou de la piste d’un vélodrome. En construisant ces équipements, les états et les collectivités contribuent à l’attractivité de leurs territoires. Mais, s’ils ne respectent pas rigoureusement les spécifications techniques imposées par les fédérations sportives, ils n’accueilleront pas de compétitions prestigieuses, car les performances ne pourraient pas y être homologuées. Il n’est donc pas question lors de la construction des enceintes sportives – et c’est particulièrement vrai pour les Jeux olympiques et paralympiques – de négliger la station totale, le laser à balayage ou la photogrammétrie, pour en connaître la géométrie avec précision. Prendre connaissance d’un cahier des charges, déployer une instrumentation de mesure et apprécier l’incertitude de la mesure, c’est justement ce qu’on attend du géomètre, qui joue de ce fait un rôle discret mais essentiel dans le sport moderne.