Zéro artificialisation nette
« Le ZAN a énormément de défauts, mais il a permis une prise de conscience »


Quel est le point de vue du WWF sur le ZAN?
Jean Burkard: Le ZAN est un sujet éminemment complexe, qu’on a sans doute pris par le mauvais bout, en se focalisant sur l’objectif et l’urgence. Effectivement, il y a une urgence: celle de l’artificialisation des sols. Surtout en France, qui artificialise beaucoup plus vite et beaucoup plus que ses voisins. Or, cette dynamique d’étalement urbain ne correspond plus du tout aux attentes en matière de préservation de la biodiversité et de nos espaces naturels. Face à cette urgence, la loi ZAN, certes imparfaite, a fixé un objectif contraignant en disant «dorénavant, à partir de 2021 et d’ici à 2031, il n’y aura qu’une enveloppe de 125.000ha à artificialiser». On a fixé cette enveloppe avec l’idée que l’intendance suivrait. Charge ensuite aux collectivités de répercuter cette obligation nationale dans leurs schémas de développement. Evidemment, cela a été assez mal vécu par les élus locaux, qui se sont retrouvés à devoir mettre leurs documents d’urbanisme en cohérence avec cette norme de niveau national, qui n’a pas du tout réfléchi à ce que seraient les critères de répartition. On reproche souvent à la loi d’être trop bavarde. En l’espèce, elle ne l’a pas suffisamment été. On est dans une vision purement comptable de l’artificialisation, qui ne correspond pas aux besoins de la nature. Or, la question n’est pas tant celle du zéro artificialisation nette que celle du respect de la fameuse séquence «éviter-réduire-compenser». Dans le cadre du ZAN tel qu’il existe aujourd’hui, il serait possible de dire «j’artificialise 10ha de zone humide très précieuse mais, en échange, je vais renaturer 10ha de pelouse qui ne servent à rien, par petits bouts, dans une ville.» Evidemment, ça serait une catastrophe!
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