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Spécial JO
«Nous devons aux athlètes la plus grande exactitude»

Géomètre-expert à Mormant (Seine-et-Marne), Benoît Gorisse a été mandaté pour qualifier le bassin qui accueillera les épreuves de kayak-sprint et d’aviron.
Samuel Ribot | Le mardi 4 juin 2024
© StockStudio / Adobe Stock

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Les épreuves d’aviron et de kayak auront lieu sur le stade nautique de Vaires-sur-Marne, l’un des rares sites entièrement construits à l’occasion des Jeux olympiques. Afin de garantir les performances qui seront réalisées par les athlètes olympiques et paralympiques, il était évidemment essentiel de pouvoir garantir l’exactitude des distances mesurées. C’est au cabinet Arents-Gorisse, basé à Mormant, qu’il est revenu de qualifier le bassin. Pour cela, les Championnats du monde de 2023 ont constitué l’occasion idéale d’éprouver une méthode. Sur le papier, la mission paraissait simple: il s’agissait de régler les lignes de départ et d’arrivée du bassin réservé aux épreuves d’aviron, de para-aviron, de kayak sprint et de para-kayak sprint. La distance totale est de 2.000m, et des mesures intermédiaires doivent être faites pour valider l’implantation des lignes de chronométrage à 500, 1.000 et 1.500m. La tolérance acceptée, elle, est de 2cm... sur les 2km mesurés. 


«Je peux vous dire qu’une tolérance comme celle-là, ça parlera à n’importe quel géomètre-expert», prévient Benoît Gorisse, qui s’est acquitté de cette mission pour le compte du cabinet. Pour garantir cette mesure, le professionnel a choisi d’utiliser deux méthodes distinctes «afin de pouvoir les recouper, comparer les résultats et vérifier que, dans tous les cas, on reste dans cette limite des 2cm». Les deux méthodes utilisées sont «le GPS, en tenant compte de l’altération linéaire, et la polygonale avec une station totale», précise Benoît Gorisse. 

«L’impression de faire partie de la compétition»
En appliquant cette méthode, les distances entre les points installés sur la berge ont été mesurées plusieurs fois dans des conditions similaires. Elles ont ensuite été mesurées depuis plusieurs points, dans des conditions différentes. L’ensemble de ces mesures ont ensuite été comparées entre elles. Puis, pour contrôler les distances et les angles de la polygonale, les points de référence placés au départ et à l’arrivée ont été mesurés avec une antenne GNSS, sur des périodes de deux minutes pour chaque point, à des heures différentes de la journée. Tout ce travail a été réalisé en deux semaines: une pour la préparation, une autre pour l’installation et les réglages.
L’expérience a été particulièrement intéressante pour le cabinet: «Ça nous a clairement changé de notre travail quotidien, observe Benoît Gorisse. Il a fallu nous intéresser à des problématiques qu’on ne rencontre pas tous les jours, comme la question des altérations linéaires.» Mais, au-delà de l’aspect technique, il y a aussi la «dimension» olympique. Car la dernière semaine de mai et la première de juin ont été consacrées au renouvellement de l’ensemble des mesures dans la perspective des épreuves, olympiques cette fois, de kayak-sprint et d’aviron. «On a presque l’impression de faire partie de la compétition, s’enthousiasme le géomètre-expert. Il y a dans ce travail une dimension de challenge incontestable.» Il y a aussi, de manière peut-être moins habituelle, une forte dimension empathique. «Personnellement, j’ai travaillé avec en tête l’image du sportif qui s’est entraîné des années, qui réalise une performance et à qui on viendrait dire que son résultat est invalidé pour une question de mesure mal réalisée, explique Benoît Gorisse. Je peux vous dire que c’est une vraie forme de pression, un impératif d’exigence. Quelque part, c’est pour ce sportif que j’ai travaillé. C’était très important pour moi: je me mettais à la place de ces gens qui s’entraînent dur et auxquels on doit la plus grande exactitude.» Ce challenge a aussi rejailli sur l’ensemble du cabinet. «On est fiers de pouvoir dire qu’on a travaillé sur une épreuve olympique et qu’on a participé, à notre manière, à la réussite de cet événement», confirme le géomètre-expert. 



Kayak-sprint et aviron

Le canoë-kayak comporte deux disciplines qui figurent toutes deux au programme olympique: le canoë-kayak sprint et le canoë-kayak slalom. En kayak, l’athlète est en position assise et utilise une pagaie double, tandis qu’en canoë, il est agenouillé dans l’embarcation et utilise une pagaie simple. Les épreuves de canoë-kayak sprint se déroulent sur un bassin d’eau calme, comme les épreuves d’aviron. La course se fait en ligne sur huit couloirs, l’objectif étant de franchir la ligne en premier. Les épreuves se disputent sur des distances de 200m, 500m et 1.000m.
L’aviron consiste en une embarcation propulsée à la force de rames fixées au bateau. Ce sport a la particularité de voir les athlètes se positionner dos à la direction dans laquelle ils se déplacent. Le format de compétition en aviron se dispute en ligne sur une distance de 2.000m en embarcation individuelle ou en équipage composé de deux, quatre ou huit rameurs. 
(Source: Paris 2024)