Qualification de la géodata
Certifier la donnée avant sa diffusion
ARTICLE EN ACCÈS LIBRE JUSQU'AU 15 OCTOBRE
Acquisition, traitement, contrôle: le circuit de qualification de la donnée obéit à un triptyque immuable, dont le respect garantit l’intégrité des informations délivrées par le géomètre-expert. Cette thématique n’a pas échappé au Conseil supérieur de l’Ordre des géomètres-experts, qui a commandé à la commission expertise de la mesure un rapport de travail sur les différents axes et modalités que pourrait prendre cette qualification.
Cette mission, qui bénéficie de l’appui des écoles d’ingénieurs que sont l’ESGT, l’Insa Strasbourg et l’ESTP, ainsi que de celui d’autres intervenants extérieurs proches de la commission, fera l’objet d’un premier retour dans la première partie de l’année 2024. Une fois les phases de tests internes et externes réalisées, l’objectif est de proposer une méthodologie concrète et aboutie dans le courant de l’année 2025.
Si les géomètres-experts parlent depuis longtemps de la qualification de la donnée (le titre de la première séance du congrès de Nancy en 2016 était «Une palette d’outils en 3D: acquérir et qualifier la donnée»), elle fait désormais partie intégrante des objectifs du plan stratégique «Géomètre-expert 2030» de l’OGE à travers des outils que la profession doit mettre en place. Cette qualification est indispensable et inévitable pour ensuite garantir la donnée, puis lui permettre de revêtir un caractère expertal. Ce sont des opérations que le géomètre-expert effectue depuis déjà longtemps, voire depuis toujours, mais sans processus normé et à l’initiative et au savoir-faire de chacun.
Le géomètre-expert qualifie in fine sa propre production de données, puisqu’elle engage sa responsabilité professionnelle (et parfois personnelle) dans ses actes et à travers ses livrables. Il doit pour cela appliquer les connaissances issues de son enseignement initial en école supérieure et de son expérience professionnelle dans son cabinet et auprès d’autres professions proches du monde de la data et du foncier. Il qualifie également la donnée externe, celle de ses confrères lors de l’interprétation d’archives, mais également, et c’est de plus en plus vrai depuis l’ouverture de la donnée géographique en open data, de la donnée produite par d’autres professionnels.
Inéluctable IA
Ainsi, le géomètre-expert teste (sans garantir leur valeur) les données métier produites par d’autres fournisseurs (urbanisme, risques, habitation, environnement...) afin d’en vérifier la cohérence avec ses propres données. Il qualifie ainsi les autres données métier et choisit la méthode d’intégration et de report pour les agréger à celles qu’il a produites.
Mais, avant de parler de qualification de la donnée et de sa diffusion, il faut d’abord en faire correctement l’acquisition, puis la traiter avec rigueur et répondre aux besoins et aux demandes des clients.
Produire une donnée de qualité dépend tout d’abord du matériel d’acquisition utilisé, drone, scanner, GPS, station totale... Vient ensuite la méthodologie employée pour bien exploiter ce matériel. Il convient, avant toute intervention, de se poser les bonnes questions, tant d’un point de vue de l’efficacité du choix de la technologie que de la précision attendue – elle n’est généralement pas ou mal exprimée par le client, et le géomètre-expert doit retraduire les besoins pour définir la précision réellement nécessaire.
Une fois la bonne méthodologie d’acquisition retenue, il faut décider du processus le plus pertinent dans la chaîne de traitement numérique (lire page 44). Ce choix est souvent dicté par les logiciels déjà en place dans le cabinet, mais il est pertinent de se poser les bonnes questions et d’avoir la curiosité de regarder ce qui se pratique ailleurs, de suivre les évolutions et nouvelles sorties de logiciels où l’intelligence artificielle (IA) est de plus en plus présente.
Contrôle: la clé de voute
Vient ensuite la phase de contrôle de la donnée produite. C’est la clé de voûte de la profession, cet ADN qui définit le géomètre-expert et par lequel il est connu et reconnu comme «l’homme de la juste mesure»! Ce contrôle n’est pas à prendre à la légère, il est chronophage, doit se faire à plusieurs niveaux: contrôle personnel lors de l’acquisition, contrôle de marche, vérification par un tiers de confiance, contrôle enfin par le responsable du dossier jusqu’à la signature du géomètre-expert qui engage sa responsabilité professionnelle et parfois pénale. Des process doivent encore être inventés pour cette phase.
Une fois la donnée produite, contrôlée, validée, elle devient diffusable. On peut alors s’inquiéter de son mode de transmission, de la validation de sa réception par le client et, bien sûr, du bon respect du cahier des charges par un retour satisfaction, quelle qu’en soit la forme.