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Les émissions de CO2 des data centers des Gafam bien plus importantes qu’annoncé
Les grandes entreprises technologiques minimisent leurs émissions de CO2 réelles, révèle une étude du journal d’information britannique The Guardian. Malgré leurs engagements en matière de durabilité, les «géants du net» (Gafam) peinent à dissimuler l’empreinte énergétique croissante de leurs data centers. Entre 2020 et 2022, The Guardian a analysé les émissions des data centers appartenant à Google, Microsoft, Meta et Apple. Résultat: elles seraient en réalité 7,62 fois plus élevées que les chiffres officiellement annoncés. Si ces entreprises formaient un pays, elles se classeraient au 33e rang mondial des émetteurs de CO2, juste derrière les Philippines et devant l’Algérie.
La consommation d’énergie des data centers est en constante augmentation. L’Agence internationale de l’énergie estime qu’ils représentent déjà entre 1% et 1,5% de la consommation mondiale d’électricité. D’ici 2030, cette demande pourrait bondir de 160%, selon une analyse de Goldman Sachs. Malgré ces projections, les cinq géants de la tech revendiquent la neutralité carbone, pourtant Google a abandonné cette étiquette en 2022, après avoir modifié ses normes de comptabilisation des émissions.
Un des principaux biais de la comptabilisation des émissions repose sur l’utilisation des certificats d’énergie renouvelable. Ces certificats permettent à une entreprise de déclarer qu’elle utilise de l’électricité verte, même si cette énergie n’est pas directement consommée dans ses installations.
En excluant ces certificats, on obtient des «émissions localisées», soit les émissions réelles produites dans la zone où se trouvent les data centers.
La demande énergétique multipliée par deux?
L’étude de The Guardian met en lumière un écart significatif entre les chiffres officiels et les émissions réelles. Par exemple, les émissions localisées d’Apple pourraient être 2,2 fois plus élevées que celles rapportées officiellement. Amazon, en raison de ses activités d’e-commerce, est un consommateur majeur, puisqu’il faut inclure les émissions des centres de tri et de la logistique.
Les experts du secteur des data centers estiment que les mesures d’émissions basées sur la localisation sont plus transparentes que celles reposant sur les certificats d’énergie. Le problème, c’est que les émissions de CO2 par ces entreprises risquent d’augmenter dans les prochaines années. L’Institut de recherche sur l’énergie électrique prévoit un doublement de la demande énergétique des data centers d’ici 2030, en partie à cause de l’essor de l’intelligence artificielle.