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Engagement
La jeunesse experte engagée pour Solidays

Depuis 2022, la profession accompagne les organisateurs du festival Solidays, qui s’est déroulé, pour sa 26e édition, du 28 au 30 juin à l’hippodrome de Longchamp. Au menu: solidarité, musique, partage... Et implantation!
Caroline Reinhart | Le jeudi 4 juillet 2024
Inutile de sortir des outils de haute précision pour implanter les 550 points à marquer pour l’événement organisé du 28 au 30 juin. Un récepteur GNSS était suffisant pour respecter la précision de 5cm requise. © C. Reinhart

Cette année, c’est la jeunesse que l’Ordre des géomètres-experts a voulu mettre à l’honneur pour sa contribution au festival Solidays, porté par l’association Solidarité Sida depuis vingt-six ans. C’est donc tout naturellement qu’un (très) jeune cabinet, SupGeo, basé dans le xve arrodissement de Paris, a été sollicité pour réaliser, à titre bénévole, le marquage au sol des différents éléments logistiques du festival (scènes, buvettes, stands, etc.). Fondé en 2023 par Théo Denat et Thibaut Moyon-Auvray, copains de promo sortis de l’ESTP en 2017, SupGeo pousse à grande vitesse. «Nous sommes partis de zéro», se souvient Thibaut. «Nous avons d’abord fait notre propre expérience pendant quatre ou cinq ans, puis nous avons voulu créer notre cabinet. Après avoir passé notre expertise en novembre 2022, nous avons prêté serment, puis nous nous sommes installés rue Ernest-Renan. Très rapidement, nous avons eu beaucoup de travail: nous avons réalisé notre première embauche en janvier 2023, après un stage concluant. Et nous continuons à recruter: nous recherchons surtout des techniciens, avec des formations BTS ou licence.» 

Derniers préparatifs
Le temps est doux, le ciel est bleu: ce jeudi 6 juin s’annonce radieux. Après avoir affronté les embouteillages monstres engendrés par le passage du cortège du président américain Joe Biden, Thibaut et son technicien, Thomas Sampaio, se retrouvent pour les derniers préparatifs. Bombes de peinture, GPS, perches, piquets, tenues de chantier: le coffre de la voiture de Thibaut déborde de matériel. C’est le troisième et dernier jour sur site, ils sont désormais rôdés à la manœuvre. Objectif du jour, le marquage du terrain de golf de Longchamp, qui accueillera bientôt la plus grande scène du festival, la scène «Paris». C’est ici que les têtes d’affiche de l’édition 2024 – de Martin Garrix à Louise Attaque en passant par Mika, Isaac Delusion, Sam Smith, Creeds, Pomme, Acid Arab ou Laurent Garnier – se succéderont pendant trois jours devant près de 260.000 spectateurs. Pour l’heure, c’est encore un green couvert de balles de golf qui sert de terrain de jeu aux jeunes géomètres-experts. Protégée par des revêtements en plastique lors du festival, la pelouse soignée sera bientôt dissimulée par la foule. 

Orange, le nouveau noir
Après avoir intégré les points du plan topographique réalisé par Thibaut, fixé le récepteur GNSS sur la perche, les deux experts sont prêts pour le marquage. «On commence: le premier point, c’est 300», indique Thibaut, bombe à la main. «Attention, le code couleur a changé: noir, c’est orange.» La marge accordée est de 5cm – plutôt large pour ces spécialistes. Pas besoin de sortir l’arsenal habituel (station totale, trépied...), une perche simple avec un récepteur GNSS fixé à son sommet suffit, pour un gain de temps considérable: cette année, 550 points répartis en cinq zones étaient à marquer sur l’ensemble du site. 
«C’est ce que j’aime dans le métier, la variété des lieux: cela va de l’hôtel de luxe aux égouts, en passant par des terrains de golf! J’adore cette succession de lieux insolites. On ne s’ennuie jamais dans cette profession: on doit s’adapter aux lieux, aux gens, aux secteurs, et à chaque fois trouver le positionnement adéquat», s’enthousiasme Thibaut. Le trentenaire a le goût de l’aventure et du partage. Avant de monter son cabinet, il est parti faire un tour du monde avec sa femme, traversant l’Asie et l’Amérique du Sud. Avec, au bout du chemin, une jolie surprise: «Rose est née le 21 mars 2023, au moment où je montais mon cabinet, et où nous devions déménager... L’année qui vient de s’écouler a été chargée!»
Associer expertise et engagements sociétaux va de soi pour le jeune géomètre-expert, qui a fait un peu d’humanitaire dans son cursus. Et qui connaît bien les pelouses de Longchamp: «J’ai une attache particulière avec le festival Solidays. J’y suis allé de nombreuses fois, en particulier lorsque j’étais à l’Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP). Nous y allions alors en groupe de vingt ou trente, ce sont des souvenirs très forts. Je me souviens notamment d’un concert de Chinese Man, de leur entrée sur scène habillés tout en noir, l’effet était fantastique!» Musicalement parlant, Thibaut fait dans l’éclectisme. «Du rap français à l’électro, ce qui compte, c’est l’énergie.» Comme dans le métier, qui reste confronté à des difficultés de recrutement. «Pour attirer les jeunes, il faut changer les codes de la profession, et mettre en avant la forte avancée technologique qui opère depuis quelques années», estime le géomètre-expert.



Quatre millions de festivaliers avant la 26e édition

Près de quatre millions de festivaliers ont déjà foulé les pelouses de Longchamp depuis ce jour de 1999 où Robbie Williams, Youssou N’Dour ou encore Jean-Jacques Goldman ont inauguré la scène principale. Vingt-cinq ans plus tard, Solidays est plus que jamais «d’intérêt public», revendique l’association Solidarité Sida sur son site Internet. 
«Le festival démontre avec force à quel point les jeunes sont intimement convaincus que le bonheur, le progrès, le sens que chacun veut donner à son existence, ne peuvent naître de l’individualisme, du repli sur soi ou de l’indifférence à l’égard du monde.»