Reportage
Alcatraz, l’évasion numérique
C’est un lieu mythique de la baie de San Francisco, célèbre pour avoir vu passer les plus redoutables criminels et gangsters américains, d’Al Capone à George «Machine Gun» Kelly; un enfer carcéral dont seuls parvinrent à s’échapper le 11 juin 1962 Frank Morris (incarné en 1979 par Clint Eastwood dans le film L’Evadé d’Alcatraz) et ses complices les frères Anglin, présumés morts noyés. L’île d’Alcatraz et son ancien pénitencier fédéral de haute sécurité constituent désormais un haut lieu touristique, qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs. Cet environnement hors norme a inspiré à l’Américain Pete Kelsey un projet un peu fou: la création d’un jumeau numérique de la prison la plus célèbre du monde. Pour y parvenir, il a embarqué dans cette aventure de nombreux partenaires, lesquels ont reçu pour tout salaire le privilège de camper dans des cellules désaffectées!
Permis et autorisations
L’homme n’en est pas à son coup d’essai. Etablie à Seattle, son entreprise VCTO Labs s’est fait connaître en utilisant la modélisation 3D au service de grands projets de valorisation du patrimoine. Depuis une dizaine d’années, il entretenait un rêve: numériser un parc national en entier. «J’ai beaucoup travaillé avec le service des Parcs nationaux [NPS] et je souhaitais lui donner de mon temps et de mon expertise sur un nouveau projet, raconte-t-il. Alcatraz était un candidat parfait car la taille du site – environ 22 acres [9ha] – était adaptée et qu’il y avait un réel besoin, l’île étant soumise aux risques dus à l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique.» Ouverte en 1934, la prison a fermé ses portes le 21 mars 1963 et, depuis 1972, «le Rocher» est intégré à la zone de loisirs nationale du Golden Gate géré par le NPS. Celui-ci a été séduit par l’idée de disposer d’une cartographie 3D documentant avec précision chaque recoin de l’île et chaque bâtiment, ce qui va lui permettre de mieux gérer ce parc national et d’étudier les impacts du changement climatique, du tourisme de masse et de l’activité sismique (l’île est située juste sur la faille de San Andreas). Le projet a été mis sur les rails en janvier 2023. «Il a ensuite fallu neuf mois pour obtenir les permis nécessaires», commente Pete Kelsey.
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