Spécial JO
De Versailles au pont Alexandre III, les géomètres-experts sur tous les fronts
ARTICLE EN ACCÈS LIBRE JUSQU'AU 15 OCTOBRE
Pour TT Géomètres-Experts, les Jeux olympiques et paralympiques sont plus qu’une réalité: un travail qui a occupé le réseau et ses quinze agences pendant les derniers mois, mais qui a en réalité débuté dès 2019, avec la constitution d’un premier nuage de points en vue des compétitions équestres organisées à Versailles, sur le même site que celui qui accueillera les épreuves cet été. Un premier survol par drone avait notamment été réalisé à cette occasion. Depuis, l’entreprise s’est multipliée sur les chantiers olympiques.
«Nous avons essentiellement travaillé sur les constructions provisoires, des missions très techniques, conduites dans un environnement existant, qu’il a fallu adapter aux exigences de sécurité et aux paramètres spécifiques de la compétition», détaille Romain Manzoni, directeur général délégué de la Scop. Cela a par exemple été le cas avec le pont Alexandre III, le plus prestigieux de Paris, situé entre les Invalides et le Grand Palais, qui accueillera du public lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine. «Les plans existants étaient trop anciens. Or, quand il s’agit d’installer des tribunes sur un pont vieux de plus 200 ans, il est quand même préférable de travailler à la répartition des charges. Notre mission a donc été d’en réaliser de nouveaux en utilisant les techniques à notre disposition tout en tenant compte des spécificités de l’ouvrage.»
Construit entre 1897 et 1900, le pont Alexandre III, destiné à l’époque à célébrer l’amitié franco-russe, est une structure métallique de 45m de large composé d’une seule arche de 107m comprenant trois points d’articulation. «Sa particularité, c’est qu’il s’appuie sur une structure de type Eiffel, précise le DG délégué de TT Géomètres-Experts. Il nous a fallu faire de la rétro-conception, en refaisant tous les relevés au 1/20 de la structure “au boulon près”, on est allé jusqu’à étudier les épaisseurs de peinture en utilisant des ultrasons. On a également travaillé avec des cordistes suspendus au-dessus de la Seine.» La tâche a été complexifiée par la multitude d’usages du pont: routier, piéton, cycliste, fluvial... TT est par exemple intervenu de nuit en prévoyant une circulation alternée pour les péniches. Les équipes ont utilisé une large gamme d’instruments: un tachéomètre, des stations totales de haute précision et surtout un scanner laser à usage industriel et des pieds à coulisses. «Mais cela a surtout demandé une organisation très pointue: entre le travail de nuit, l’intervention des cordistes, la gestion de la circulation. Il fallait qu’on soit le moins intrusif possible», précise Romain Manzoni. Ce travail sous contrainte a demandé deux mois de préparation en tenant compte des délais d’obtention de toutes les autorisations nécessaires. Ensuite, les relevés ont duré entre deux et trois semaines, pour un traitement des données qui s’est étalé sur un mois et demi. «Il en ressort des plans de structure métallique précis au millimètre», se félicite-t-on aujourd’hui du côté de TT Géomètres-Experts.
Une expérience déterminante
Une multitude de missions d’assistance à exécution ont occupé et occupent encore les équipes. Sous la direction de Claudio Tordini, responsable du service topographie et VRD, une mission a ainsi été conduite sur la place de la Concorde, qui accueillera les épreuves de BMX freestyle, de breaking, de skateboard et de basketball 3x3. «Il s’agissait d’implanter le soutien des descentes de charge sur les quatre niveaux du parking souterrain situé sous le chapiteau», indique l’ingénieur VRD. Au Grand Palais, à quelques centaines de mètres de là, la mission consistait «à faire en sorte que tous les axes soient calés par rapport aux axes des portes et des emplacements de caméras, pour que tout soit parfait pour faciliter la prise d’images lors des épreuves».
Au nord de Paris, à Villepinte, l’Arena Nord accueillera la boxe et le pentathlon moderne. Là, les contraintes étaient liées à la mise en place d’un système de climatisation. «Nous avons effectué des relevés de poutres pour voir si les climatisations pouvaient passer entre les charpentes. Notre intervention a consisté à les aider à anticiper les éventuels problèmes», détaille Claudio Tordini. Dernier exemple, et non des moindres: la société a apporté son concours à l’homologation officielle de la piste d’athlétisme du Stade de France. «Nous avons, à partir d’un plan projet, implanté tous les couloirs, tous les marquages au sol pour une piste de 400m qui peut éventuellement faire 400m et 4cm, mais qui ne peut en aucun cas faire un centimètre de moins!», souligne le responsable de service. Cette fois, l’expérience a été déterminante: «Nous avons des équipes qui font ça toute l’année en France, qui sont habituées à travailler pour les homologations de complexes sportifs. Nous avons le savoir-faire spécifique aux infrastructures sportives et cela nous a permis de répondre à cette demande», confirme Romain Manzoni.
Gérer une clientèle «éphémère»
Alors que la compétition se profile à l’horizon, le directeur général délégué fait un premier retour d’expérience. «On est très heureux de participer à cet événement. Même s’il est évident que ce sont des missions très exigeantes, parce qu’elles sont ramassées dans le temps et qu’il faut être en mesure de fournir des réponses très rapidement et d’intervenir dans des délais très courts.» Les enseignements, eux, sont déjà nombreux... «Ça a été aussi un test pour l’entreprise: savoir gérer une clientèle “éphémère” tout en continuant à travailler avec nos clients historiques. Un vrai défi en termes de réactivité, de souplesse et d’anticipation.» Reste le label: «Quand on dit Jeux olympiques, ça reste évidemment quelque chose d’unique et d’exceptionnel», s’enthousiasme Romain Manzoni. Son responsable de service, lui, a un seul regret: «Si on nous l’avait demandé, on serait bien allé implanter des bouées en Polynésie pour l’épreuve de surf!»