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Planète
Réchauffement climatique: quand la majorité des indicateurs vitaux s’affolent

Le rapport 2024 sur l’état du climat, publié le 8 octobre dans la revue «BioScience», montre que 25 des 35 indicateurs vitaux liés au risque climatique ont atteint des seuils dangereux. La consommation d’énergies fossiles reste le principal facteur d’aggravation de ces phénomènes.
Samuel Ribot | Le lundi 28 octobre 2024
La calotte glaciaire du Groenland diminue d’environ 270 milliards de tonnes par an. © mrallen / Adobe Stock

«Nous sommes au bord d’une catastrophe climatique irréversible. Une grande partie du tissu même de la vie sur Terre est en péril.» Les auteurs du rapport sur l’état du climat publié au début du mois d’octobre dans la revue BioScience (1) ont choisi de frapper les esprits. Et il y a en effet de quoi frémir à la lecture de leur analyse des chiffres des derniers mois. En 2023, les températures mondiales ont atteint une moyenne de 1,1°C au-dessus des niveaux préindustriels. Dans l’Atlantique Nord, une hausse de température de 2°C a été enregistrée. La surface occupée par la glace de mer en Antarctique, elle, a diminué de 1,76 million de kilomètres carrés en février. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2), enfin, ont atteint un record de 36,8 milliards de tonnes en 2022. 
Le rapport alerte par ailleurs sur les 28 «boucles de rétroaction» qui risquent d’accentuer les effets du réchauffement climatique. Celle liée à la fonte du pergélisol (aussi appelé permafrost), par exemple, qui libère chaque année environ 500 millions de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre (GES) au potentiel réchauffant 25 fois supérieur à celui du CO2. Celle engendrée par la fonte des glaces, qui diminue le pouvoir réfléchissant de la Terre (aussi appelé albédo), accentuant encore le réchauffement. Celle encore liée au rétrécissement de la calotte glaciaire du Groenland, qui perd environ 270 milliards de tonnes de glace chaque année et se retrouve désormais proche d’un point de bascule irréversible, observent les climatologues, qui craignent une montée des eaux aux effets dévastateurs. 

350 millions d’hectares d’écosystèmes à restaurer
Les scientifiques rappellent en outre quelques épisodes récents comme les plus de 500.000ha ravagés au Chili par des incendies en 2023, les vagues de chaleur sans précédent enregistrées en Asie, avec des températures avoisinant les 50°C en Inde, l’augmentation de 30% de la fréquence des cyclones de forte intensité depuis 1980 ou l’augmentation de 50% des pertes d’écosystèmes marins critiques en raison de températures océaniques trop élevées. Le rapport s’intéresse aussi à l’aspect social de la crise climatique, en rappelant notamment que les 50% les plus pauvres de la planète ne sont responsables que de 10% des émissions de GES alors qu’ils subissent de manière disproportionnée les effets du changement climatique. Sur ce point, les auteurs du rapport recommandent – ainsi que s’y étaient engagés les signataires de la Cop15 de Copenhague, en 2009 – de verser 100 milliards de dollars par an aux pays les plus vulnérables afin de les aider à adapter leurs infrastructures face aux catastrophes climatiques (2). Les scientifiques rappellent enfin la nécessité «absolue» de réduire de 50% les émissions de GES d’ici 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5°C. En parallèle, le rapport recommande la restauration d’au moins 350 millions d’hectares d’écosystèmes dégradés d’ici 2030 pour «renforcer les puits de carbone naturels». 
Ce rapport très alarmiste n’occulte toutefois pas quelques motifs d’espoir, que les experts ont tenu à rappeler. En Amazonie, la déforestation a ainsi diminué de 22% entre 2022 et 2023 (de 1,16 million d’hectares à 0,90 million). Dans le monde, les énergies renouvelables ont fait un bond remarquable, puisqu’elles représentent aujourd’hui 33% de la production mondiale d’électricité. De la même manière, les investissements dans des infrastructures climato-résilientes ont augmenté de 20% en 2023. Enfin, notent les auteurs, de nombreux gouvernements et entreprises se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Mais ces efforts, rappellent-ils, ne serviront à rien si l’on n’agit pas sur le principal facteur de réchauffement climatique que constitue la consommation d’énergies fossiles.  

(1) Editée par l’université britannique d’Oxford.
(2) La Cop29 se déroulera les 11 et 12 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan.