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Vulnérabilité
Le réchauffement climatique pèse sur la santé des forêts françaises

L’IGN a publié en fin d’année les résultats des cinq dernières campagnes de l’Inventaire forestier national (IFN). Cette analyse met en évidence la vulnérabilité de plus en plus importante des forêts vis-à-vis du changement climatique.
Samuel Ribot | Le lundi 15 janvier 2024
Prise de mesures en forêt par les agents de l’IGN. © IGN

La planète se réchauffe, et la forêt française souffre. Tel est le constat dressé par l’Inventaire forestier national (IFN), un service de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) dont la mission est de dresser l’inventaire permanent des ressources forestières françaises. Alors que 2022 avait été marquée par des feux devenus incontrôlables, les arbres ont continué de souffrir en 2023, notent les auteurs de cette étude (1). «Moins spectaculaire que les tempêtes hivernales ou les incendies estivaux», ce phénomène de dépérissement «n’en est pas moins inquiétant pour l’avenir des forêts», prévient l’IGN, qui souligne que la compilation des cinq dernières campagnes de l’IFN «montre les effets concrets du changement climatique sur les forêts françaises et leur croissance». Si cette vulnérabilité est «un phénomène qui remonte à plusieurs années», confirme Stéphanie Wurpillot, cheffe du service de l’information statistique forestière et environnementale à l’IGN, rappelant diverses périodes compliquées pour la forêt française comme «les pluies acides des années 1980, la tempête de 1999, la canicule de 2003 ou la tempête Klaus en 2009», le réchauffement global entraîne incontestablement «une forme d’accélération au cours de la dernière décennie.

Mortalité et croissance en berne
L’IGN relève quatre faits marquants, qui sont autant de traductions de la vulnérabilité des forêts françaises. D’abord, un phénomène d’accélération de la mortalité des arbres. Les chiffres donnent la mesure de la crise: la mortalité des arbres est passée de 7,4 millions de mètres cubes par an (Mm3/an) entre 2005 et 2013 à 13,1Mm3/an entre 2013 et 2021, soit une hausse de près de 80% en dix ans. Préoccupante, cette hausse doit toutefois être mise en rapport avec le stock de bois total de la forêt française, qui est aujourd’hui de 2,8 milliards de mètres cubes. Si les arbres meurent plus, leur croissance est également impactée. Là encore, les chiffres sont révélateurs: la croissance des arbres a diminué de manière régulière ces dernières années, passant de 91,5Mm3/an entre 2005 et 2013 à 87,8Mm3/an entre 2013 et 2021, soit une baisse de 4%. Pourquoi cette chute? Le constat dressé par l’IFN est sans ambiguïté: «La dégradation de l’état de santé des forêts constatée ces dernières années est à mettre en lien avec les changements climatiques qui se manifestent en particulier par des températures plus chaudes et des sécheresses plus fréquentes que par le passé. Ces changements favorisent notamment la prolifération des bioagresseurs», indiquent les auteurs de l’étude. Exemple de cette inquiétante évolution: le sort de l’épicéa commun, qui est désormais l’essence la plus touchée par la mortalité, devant le châtaignier et le frêne. Pour l’épicéa, l’ennemi a un nom: le scolyte. Egalement appelé «tueur d’arbres», cet insecte ravageur, qui appartient à l’ordre des coléoptères et dont la population est contrôlée par des facteurs naturels tels que le climat, les prédateurs et les incendies, creuse des galeries dans le cambium (une couche située sous l’écorce) pour y déposer ses œufs, condamnant ainsi les arbres touchés.

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