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Agriculture
Les méga-bassines, une fausse bonne idée?

Le remède, pensé pour soutenir les agriculteurs face au manque croissant d’eau et aujourd’hui plébiscité par l’Etat, pourrait être pire que le mal. Chercheurs et activistes prônent plutôt un nouveau modèle agricole.
Marti Blancho | Le lundi 5 février 2024
Méga-bassines autour de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) en vision 3D sur Google Earth. © Google Earth

Encore méconnue du grand public jusqu’aux violents affrontements de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), les méga-bassines font aujourd’hui partie des grands sujets environnementaux. L’Etat et les grands exploitants agricoles les considèrent comme un des principaux palliatifs face à la multiplication et l’aggravation des sécheresses. 
Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, l’a réaffirmé le 22 janvier en assurant que les projets continueront d’être soutenus et les procédures administratives simplifiées, en plein soulèvement des agriculteurs de toute la France. Pourtant, une partie de la population, notamment les associations et activistes écologistes, s’y oppose alors que de nombreux chercheurs et spécialistes n’y voient plus la solution vertueuse imaginée initialement. 
Aussi appelées «réserves de substitution», ces immenses réservoirs d’eau sont creusés dans le sol, à proximité d’exploitations agricoles. Le fond de l’ouvrage, imperméabilisé grâce à une couche de plastique, empêche l’eau de filtrer dans la terre. Contrairement aux retenues classiques ou collinaires, alimentées par l’écoulement naturel d’un cours d’eau en amont ou par le ruissellement des eaux de pluie, la réserve de substitution se remplit en pompant directement dans des nappes phréatiques ou des cours d’eau.
La bassine prélève l’eau des nappes phréatiques à l’automne ou en hiver, lorsque leur niveau est censé être au plus haut, pour la stocker jusqu’en été. Elle permet alors aux agriculteurs d’irriguer leurs champs lors des périodes arides et de limiter les prélèvements dans les nappes quand elles sont au plus bas.

3.000 piscines olympiques
En France, le concept émerge dans les années 1990 et «apparaît d’abord comme une bonne idée», se remémore Julie Trottier, directrice de recherche au CNRS et spécialistes des enjeux de l’eau. «Les différents acteurs, y compris les associations de protection de l’environnement, étaient tous relativement d’accord.» A partir des années 2000, les projets commencent à se multiplier. Le premier d’envergure naît en 2007 en Vendée: 25 bassines pour une capacité totale de 11 millions de mètres cubes, l’équivalent de quelque 3.000 piscines olympiques. A titre de comparaison, le projet de Sainte-Soline prévoit la construction de 16 retenues pouvant contenir jusqu’à 650.000m3 d’eau.

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