Environnement
Enigme au Tibet : la multiplication des lacs menace les populations locales

Les lacs du plateau tibétain connaissent une croissance et une multiplication inquiétantes, qui représentent un réel danger pour les habitants de la région et pourraient avoir des répercussions mondiales. Ce phénomène a été observé par les satellites du programme spatial américain Landsat, géré par l’Institut géologique des Etats-Unis et la Nasa. Cette évolution suscite des préoccupations chez les populations locales ainsi que chez les scientifiques, qui y voient une conséquence directe du réchauffement climatique. Le 5 mars dernier, l’Earth Observatory de la Nasa a d’ailleurs publié une comparaison d’images satellites prises du «toit du monde» entre 1994 et 2024. Une étude parue en novembre 2024 dans le ISPRS Journal of Photogrammetry and Remote Sensing révèle que le nombre de lacs d’une superficie supérieure à 0,1km² a augmenté de 50% entre 1991 et 2023, passant de 4 .385 à 6.159. Ces lacs ont également pris de l’ampleur, représentant désormais une superficie équivalente à celle du lac Michigan. Une autre étude publiée en mai 2024 dans Nature Geoscience estimait qu’en 2100, des centaines de communautés, des routes et 10.000km² de prairies, zones humides et terres cultivées pourraient être engloutis. Ces changements risquent d’avoir des conséquences profondes tant sur le plan social qu’écologique, entraînant des déplacements massifs de populations, notamment celles situées en basse altitude. Beaucoup de lacs tibétains sont des bassins endoréiques, c’est-à-dire des étendues d’eau qui ne se déversent pas dans des rivières, mers ou océans. Leur lien avec l’eau mondiale se fait uniquement par l’évaporation ou l’infiltration. Cela les rend particulièrement sensibles aux conditions climatiques, comme l’humidité de l’air, les précipitations et la température. Plusieurs études publiées dans des revues scientifiques expliquent cette expansion par la fonte accélérée des glaciers, les changements dans les régimes de précipitations et l’élévation des températures de l’air.