Intelligence artificielle
«L’IA est un assistant, pas un remplaçant»
Vous avez d’abord observé l’utilisation de l’intelligence artificielle avant de vous en emparer. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à son impact sur le métier de géomètre-expert?
Bertrand Clergeot: Mon parcours vis-à-vis de l’IA a été progressif. Au début, je me suis simplement placé en tant qu’observateur, voyant d’autres personnes autour de moi commencer à l’utiliser. J’ai voulu comprendre ce que l’on entendait par «intelligence artificielle», car c’est finalement un terme très galvaudé aujourd’hui. Tout le monde en parle, que ce soit dans le secteur public ou privé, mais peu de gens savent réellement de quoi il s’agit. Pour moi, c’était important de me faire ma propre opinion. Mon intérêt s’est cristallisé autour d’une question centrale: quel sera l’impact réel de l’intelligence artificielle sur notre profession de géomètre-expert? Allons-nous voir une transformation radicale de nos activités ou est-ce que cela restera un simple outil supplémentaire? Et surtout, y a-t-il un risque de voir certaines de nos tâches, voire certains de nos confrères, devenir obsolètes à cause de ces nouvelles technologies? En d’autres termes, est-ce qu’on ne risquait pas de se faire «ubériser» par ces machines? Ces inquiétudes me paraissent légitimes, notamment lorsqu’on voit comment d’autres professions comme celles des comptables ou des avocats ont été bouleversées par l’IA. Les solutions basées sur des algorithmes se développent rapidement, mais notre métier est un peu à part, car il est à la fois technique et juridique.
Vous soulevez une question essentielle, qui est celle de l’automatisation. Pensez-vous que certaines tâches spécifiques aux géomètres-experts risquent d’être remplacées par l’IA?
B.C.: L’automatisation est un sujet qui nous concerne tous, surtout dans les métiers techniques. Je pense qu’il est possible que l’IA nous remplace pour certaines tâches spécifiques, surtout celles qui sont répétitives ou basées sur l’analyse de données. On l’a vu dans d’autres secteurs comme la comptabilité ou le droit. Il y a eu des craintes similaires dans ces professions, notamment avec l’apparition de logiciels capables de traiter automatiquement des données complexes. Pour nous, géomètres-experts, c’est un peu différent: comme je le disais, nous combinons la technique et le juridique. L’IA pourrait effectivement automatiser certaines parties de notre travail, mais je doute qu’elle puisse, à court terme, remplacer entièrement l’humain. Prenons l’exemple du bornage: aujourd’hui, réaliser un procès-verbal de bornage implique une analyse fine du terrain, mais aussi des textes législatifs. L’IA pourrait nous assister dans la rédaction de ces documents en automatisant certaines étapes, mais le géomètre-expert doit rester celui qui valide le résultat final. Cela dit, il faut être vigilant: ceux qui n’intègrent pas l’IA dans leurs processus de travail vont prendre du retard par rapport à ceux qui l’utilisent comme un assistant.
En achetant le numéro correspondant à cet article (Numéro 2229), vous recevrez la version imprimée et aurez accès immédiatement à l’ensemble de son contenu en ligne.
Abonnez-vous ou achetez le numéro pour lire la suite de l’article
JE M’ABONNE (11 NUMÉROS) / J’ACHÈTE CE NUMÉRO JE ME CONNECTE