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« Le périphérique : un espace à la fois monumental et atypique »

Perçu comme une frontière plus ou moins étanche entre Paris et sa banlieue, le boulevard périphérique cache une histoire riche et méconnue. Fortifications militaires, bidonvilles, ceinture d’habitat social, puis autoroute urbaine : cet espace n’a cessé de se réinventer. Dans « La Zone », Justinien Tribillon retrace 150 ans d’évolutions, où se mêlent enjeux politiques, urbanistiques et sociaux, pour montrer que le périphérique est bien plus qu’un ruban de bitume : un miroir des fractures et des mutations de la métropole parisienne.
Propos recueillis par Samuel Ribot Le vendredi 31 octobre 2025
© apomares / iStock

Dans l’imaginaire collectif, entre Paris et la banlieue, il y a le périphérique. Vous racontez au contraire que cet espace est bien plus riche, qu’il a connu plusieurs vies. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’approfondir ce sujet?
Justinien Tribillon: J’ai grandi dans le centre de Paris, vers la place de la République. Puis mes études m’ont conduit à Londres, où j’ai découvert une structure urbaine très différente, où le centre-ville n’est pas du tout un endroit où l’on aspire à vivre. Londres pratique cette culture de la suburbanité qui fait que tout le monde — classes populaires, moyennes et supérieures — souhaite habiter une maison avec jardin et vivre loin du centre. Cet idéal est ancré dans la culture britannique depuis le milieu du XIXe siècle et l’essor du transport métropolitain. Je me suis donc interrogé sur ma propre pratique de la ville, puisque moi-même — Parisien — aspirais à mon tour à vivre en banlieue, bouleversant ma conception du centre et de la périphérie. En 2016, j’ai rédigé un article pour The Guardian, consacré au boulevard périphérique de Paris. Je me suis alors rendu compte que je nourrissais beaucoup d’a priori; que cet espace séparant Paris de la banlieue était bien différent de ce que j’imaginais, en tant que Parisien du centre qui ne l’avait jamais traversé…


Qu’en avez-vous conclu?
J.T.: Que cette frontière était plus psychologique que physique ou architecturale. En poursuivant mes recherches, j’ai constaté que peu de travaux avaient été consacrés au sujet, à part celui de Jean-Louis Cohen et André Lortie (Des fortifs au périph’, réédité récemment). J’ai donc entrepris un doctorat sur le sujet, puis j’ai voulu écrire La Zone, un ouvrage à la fois pointu sur le plan historique et plus large dans son approche, puisqu’il retrace l’histoire de cet espace depuis le XIXe siècle.

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